ENTRETIEN AVEC YANNIE BERNIER

Publié le 01.11.2021

Paul Bélanger, directeur littéraire au Noroît, s’est entretenu avec Yannie Bernier au sujet de la parution de son dernier recueil de poésie, Belladonna.

Y BERNIER Belladonna Dans ton premier livre, tu entrais dans un monde crépusculaire, dont les vestiges donnaient tout de même lieu à un chant ouvert. Est-ce que pour toi la poésie doit porter cette ouverture malgré une désespérante
humanité?

Le poème est naturellement ouvert à toutes les interprétations et à toutes les influences. En plus d’enrichir et de repousser les limites du langage, je crois qu’un écrivain doit être réceptif aux mouvements de la vie. Il doit être attentif aux êtres vivants, aux autres cultures, aux autres langues et aux autres formes artistiques. La curiosité, la passion et l’ouverture d’esprit sont essentielles à tout artiste. La poésie est ouverture, car don de soi, sacrifice, acte d’amour, devoir d’humanité et exercice d’humilité. C’est un travail d’artisan, qui s’accomplit dans la patience et le silence. Il faut vivre et aller au cœur de choses. Chercher ce qui est vrai et juste en poésie, en art ou dans la vie.

Tu plonges cette fois dans l’histoire de trois femmes au destin tragique, trois artistes, poète, romancière et artiste visuelle, quelle était ton intention avec ce nouveau livre au titre évocateur ? Comment chacune les as-tu connues? Et que t’ont-elles apporté?

« Être mûr sur le plan littéraire, c’est se rappeler de nos ancêtres » affirmait T.S. Eliot. C’est ce que j’ai tenté de faire avec ce livre. Rendre hommage à trois artistes dont j’admire l’œuvre. Recréer en poésie leur univers, leur voix et leurs parcours respectifs. Leurs œuvres m’ont apporté exigence, beauté, originalité et sensibilité.

Ton écriture est, pourrait-on dire, minimaliste. Tu cherches une densité. Comment définirais-tu ton rapport au poème et que représente la poésie pour toi ?

La poésie est l’empreinte primaire, le premier souffle, la respiration essentielle de ma vie. C’est une des manières de m’exprimer et d’explorer le monde. C’est une expérience qui s’ancre dans la vie réelle. Rilke disait : « Pour un seul vers, il faut avoir visité plusieurs villes, observé tant de choses, cueilli tant de fleurs ».

Y a-t-il des projets qui te tiennent à cœur pour les prochaines années ?
Je termine actuellement un livre consacré au cinéaste Andreï Tarkovski. Mon prochain recueil portera sur les écrivaines Emily Brontë et Emily Dickinson. Je prévois aussi réaliser un projet qui se déroulera aux États-Unis. J’aimerais voyager de nouveau et participer à des résidences de création à l’international.

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