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Noir de suie, Poèmes d’atelier
Monique Deland
Dans Noir de suie, Poèmes d’atelier, Monique Deland épie sa démarche de créatrice. Le geste artistique prend son élan sur le dos des cadavres passés par le feu de la crémation. Il n’en reste presque plus rien. Quelques cendres dans l’atelier encore noir de suie, une caverne aux odeurs de fin du monde. L’habitation intime du creux laissé par les disparitions et par le passage du feu fait naître un étonnant désir de donner forme. Sont réactivés les fantômes du père, de la soeur jumelle, de la soeur cadette, ainsi que celui de la poète elle-même, brûlée à répétition par le feu d’un tyran armé. Quelques oeuvres visuelles de l’artiste relancent et prolongent les poèmes, dans un dialogue fécond permettant d’approcher plus intimement que jamais l’univers poétique de Monique Deland.
Créer, mode d’emploi.
S’accrocher où on peut. La chaise, la falaise,
les épines du mûrier, l’hiver en glaçons,
l’horloge arrêtée des visages, le ballon éclaté
au-dessus des sépultures. Faire sa cabane
avec des couvertures.
S’asseoir là, juste là, au milieu du destin.
Promener les yeux sur l’intérieur de la poche,
faire ami-ami avec le noir. Respirer creux,
comme dans un oeuf. Se dire voilà, le monde
s’arrête ici.
Du calme, le corps. On est dans un poème.
Safe space.
DANS LA PRESSE
Monique Deland évite avec habileté l’écueil que l’usage des couleurs impose lorsque le sujet abordé est l’atelier. Chaque fois, le recours à telle ou telle teinte se révèle ici essentiel. À cet égard, il faut souligner le remarquable travail éditorial tant dans la reproduction des oeuvres sur papier que dans les pages entièrement colorées accompagnant les textes.
-Hugues Corriveau, Le Devoir
Le « Noir de suie » c’est le noir de celle qui est passée à travers la violence, suite au feu, suite aux cadavres qui sont sortis de la cendre, mais c’est aussi un catalyseur pour l’écriture, pour la création. […] C’est celle qui est revenue des violences, mais c’est aussi celle qui trouve des ressources pour réagir à ces blessures.
-Elsa Pépin, Il restera toujours de la culture, ICI Première (13 février 2023)