Vigile
Ici, on veille la mémoire d’une «défaite heureuse» qui provoque une méditation poétique autour de la mort.
Le recueil s’ouvre et se referme sur deux mystiques, soufi et hassidique, et poursuit, d’une suite à l’autre, une question qui restera sans réponse. Plusieurs références bibliques traversent le livre, mais ce n’est pas tant un enjeu qu’un accompagnement. Comme si les poèmes s’arrachaient lentement à la contingence terrestre, avec des «paroles bénies» qui vont au-devant des autres. «Le monde trouve un appui / Mais précaire / Vive arête du diamant / Ou d’un trivial éclat de verre».
Nous macérons «dans le fût du temps», nous voyons avec le poète que la vérité «tient dans une goutte de pluie». Le poème nomme l’intensité de vivre. Malgré la mort, la félicité gagne le poète, non sans une pointe de douleur. Dans «Icône», la suite médiane, le ton, parfois près de la confession, n’oublie pas qu’il doit tendre vers le poème pour trouver la vérité. L’image rachète, malgré la prostration, la dette de l’être avec la création. Une vie n’est jamais sainte que du courage d’affronter ses contradictions. Le recueil se conclut sur une citation du mystique hassidique Baal-Shem-Tov : «Il faut que l’homme se dise qu’il est une échelle, posée sur la terre et touchant le ciel de la tête, et que chacun de ses gestes et de ses travaux et que chacune de ses paroles impriment une trace dans le monde d’en haut.»
Je t’exhumeÀ petits coups d’ongle décidésContre la rouille de ma passivitéDe mes pieuses convictionsPour que tu restesQuestion
Artiste