Une clarté minuscule
Le poète ne cesse de s’exposer, qui entre dans la fêlure pour y trouver son sel. Ici : la mort du père, la rupture et finalement le passage vers la fatalité, l’heure dont on ne revient pas, et que les mots ne peuvent qu’appréhender.
Robert Yergeau nous laisse ces inédits qui témoignent de sa volonté de laisser une nouvelle trace qui le maintienne encore dans la vie. Ils sont le point de chute de son héritage poétique.
L’accent cru de ces poèmes nous trouble, lorsqu’il écrit, par exemple: «les mensonges que je mendie [sont] plus vrais que la vérité». L’expérience est portée par un mouvement tragique, mais la parole est toujours motivée par une poésie au verbe sans compromis, intransigeant, s’arrachant au «mentir vrai» — et tendu vers un idéal qu’il sent hors de portée.
Mais le désespoir n’est pas sans lumière, même assombrie. Quelque chose, en lui, croit à cette distance du langage qui transcende.
Une clarté minuscule constitue donc un point de chute incandescent pour toute vie qui continue de trembler. Les paroles couvent encore la cendre d’un feu qui a consumé le poète, et ne sauvent pas de l’irrémédiable, mais lui donne sens.
Je vais essayer d’aller vers vousavec mes mots qui ont rêvé à votre viece sont mes évangiles profanesce ne sera jamais votre hostieLenteur des sourcesVous verrez peut-être de nouveau tous vos miroirs,lumière casséeVous ne lirez jamais ces poèmesQu’est-ce qu’un poème ?Un attentat contre soiAucune métaphore n’a jamais eu prise sur vous
Pierre-Paul Cormier
Préface
Paul Bélanger
Postface
Alexandre Yergeau
Coédition
Les heures bleues