Un radeau de papier
Martin Thibault
Ce recueil sur la fragilité et la solitude propose une traversée des apparences. On retrouve ici la même voix enjouée, près de l’oralité, qui caractérise la poésie de Martin Thibault. Constitué de deux parties, Le radeau de papier s’attarde peut-être davantage aux mots eux-mêmes. Ainsi, le poète redéfinit des mots, autant pour échapper à l’insignifiance que pour retrouver ce qu’il a perdu : de la légèreté, un certain élan vers le haut, l’amour. Dans « le glissement du sens », le poème dérive autour du mot en soi, de son usage courant à celui, plus poétique, de l’image portée par le poète. Le radeau de papier n’est autre que le poème qui porte la conscience du poète.
À force de regarder par la même fenêtrele fond de l’espace s’est rayé :je reconnais des cicatrices familières,des larmes retenues, des sourires petits et figés,le regard perdu d’un inconnu de mon âge, le silencecomme un hymne à la solitudeau-delà de laquelle on est moins que rien.
Qu’une simple fermeture des yeux suffit à restaurer.
Mais qui réparera le temps passéà autre chose qu’à vivreamoureusement ?