Un ami, un nuage
Quelles sont les raisons qui poussent un homme à compter le battement des phrases prononçant son corps ? Il devrait être en train de labourer les champs de terre. Il aurait pu, il aurait dû gagner sa vie à danser dans un cabaret. Là, au moins, il aurait servi à dévier l’épuisement des travailleurs. Mais non, le revoilà qui creuse les fibres du papier en espérant y entendre, comme un ethnologue, l’écho d’une existence antérieure. Mais l’homme est hors propos. L’uomo fuoriscopo. The irrelevant man. À ce qu’il semble, il était une fois un homme insignifiant qui a produit une longue page dont le titre est Un ami, un nuage. Les événements exposés de ces récits brossés personnifient traits, flèches, pointes, railleries. Que ne fera-t-on pas pour se détacher des dalles des manoirs de la poésie ?
Derrière moi un fou chanteUn air de la Bohème de PucciniQue la mort ne s’ennuie pas de nousPigments rouges piquants séchant au soleilDe l’est à l’ouest c’est du pareil au mêmeChaque paire d’yeux est un feu vert à la joieOuvrir toutes les bouteilles couchées à nos piedsLe clin d’œil est un mensonge d’éléphantMémoire qui faillit mémoire qui jaillitQui sommes-nous ce soir sur ce toitRegardant les feux d’artifices chinoisAvec tous les amours de jamais
Œuvre en couverture
Berndnaut Smilde, Nimbus II
DANS LA PRESSE
« La métamorphose poétique des événements de la vie quotidienne crée l’effet de pénétrer dans un territoire inconnu, nouveau, surprenant, parfois comique, parfois satirique, étrangement ancré dans la vie de la "tribu" dont je doit d’abord s’extraire puisque "La première chose à faire / Est de brûler ses croyances". »Gilles Lacombe, Ontario, automne 2013
« Peut-être qu’Antonio D’Alfonso est un philosophe qui se fait poète pour mieux saisir les ambiguïtés du monde. Ainsi, rarement cherche-t-il la beauté de l’image, privilégiant plutôt une approche qu’on pourrait presque dire frontale des éléments poétiques. »
Hugues Corriveau, Le Devoir, 19-20 octobre 2013