Tu disparaîtras en même temps que la mer, suivi de Ciels

Que devient le territoire de l’enfance quand la mère s’éteint ? Une terre poussiéreuse, un ciel sans étoiles, une pierre tombée au plus bas ? Ou plutôt une longue nuit où l’enfant d’hier déterre et réinvente l’argile de la mémoire ? Dans Tu disparaîtras en même temps que la mer, les poèmes émergent dans l’antichambre du deuil, dans la lumière clignotante des souvenirs et de leur effacement. Du bout des doigts, le narrateur touche les contours effrités de la mort avant de se fondre dans le cri de l’écriture – lieu où se rompent les chaînes de la nostalgie. Car l’enfance n’est plus que l’exil insensé de la vieillesse, un refuge depuis longtemps perdu.

Dans ce nouveau recueil de Michel Leclerc, la disparition de la mère inaugure un dialogue inattendu entre un présent usé et un passé brouillé par l’imaginaire. Délivré de l’enfance, l’endeuillé contemple enfin, dans la seconde partie, les vastes Ciels qui errent incertains au-dessus des arbres sans racines, d’un monde au plus près de l’obscurité.

Aucune lettre, aucun objet ne me rappelle ta présence. Un blanc borné par le vide. La moitié d’une vie passée sans même le poids providentiel d’une dernière certitude. La guérison s’éteint en même temps que nous, sans le moindre bruit. Quand vibre le passé sans formes, je rentre en moi, hébété dans la nuée.