Traverses
Un homme traverse sa ville d’enfance et laisse surgir, le temps d’une promenade, diverses images liées au lieu.
Pour le narrateur, ce passage par Lévis est l’occasion de replonger dans un passé à la fois proche et lointain, condensé d’une existence qui se confronte au monde et tout en corps à corps avec la mémoire du présent – le présent n’étant jamais qu’un lieu fugace et presque inexistant où l’imaginaire et la réalité se partagent à parts égales. Se mêlant aux lettres d’autrefois, documents de l’histoire locale et internationale, les poèmes traversent un territoire autant physique que mémoriel, les versants d’une vie éclairés singulièrement parmi les mêmes arpents de pièges : l’enfant, les amours, la mort, les lectures, l’exil, les visages entrevus, les corps touchés par le désir, qui font de l’individu au long des heures et des jours une conscience dans l’espace du poème.
Ce dernier cycle de L’oubli du monde renouvelle la vision donnée presque trente ans plus tôt par la parution du livre premier, et en constitue la chute.
mémoire repeinte
par l’hiver toute
blanche
mon histoire passe
sans biographie
et dominée par les choses
sa légende dans l’imagerie d’un crâne
spectre d’une image seconde
et derrière l’ébauche
désespérée une occasion
dernière occasion
d’une ville-âme
ballotée
par les éventrements