Tomahawk
Voilà un entrée en poésie percutante! À l’instar du tomahawk, l’objet n’est pas sans rappeler le marteau, avec lequel il n’a pourtant rien en commun : aussi proche par l’apparence, aussi loin par nature. Utile, peut-être, mais pas commode, il ne sert pas à fabriquer ni ne renvoie ailleurs qu’à lui-même.
L’écriture de Tomahawk tourne autour d’une parole violente à la mesure du temps qui passe sur son auteur. Elle décline à travers son lyrisme sans épure les figures de l’enthousiasme libidinal, de la paternité et de la mort du père, du nationalisme, de l’enfant, de la ville de Maui. Violence contre tout espoir, contre toute réconciliation avec la condition québécoise perdante; démesure du poète vieillissant avec une tête d’enfant, la sienne et celle de sa fille.
Nous avons poussé le conservatisme à l’extrême je ne peux plus vivre avec les classeux de déchets recyclables les débiles légers en phase anale de la conserve les proprets de la tondeuse électrique les donneux de leçons sur l’Arctique toute la curie des collectionneurs de fientes les préfets de discipline de la couche jetable ce monde ne demande qu’à mourir dans l’extrême éjaculat sous le sépulcre planétaire des fatigues des mauvaises pensées nous voulons continuer à courir avec une balle dans la tête faire des bouquets de Prémarin© pour la fête des Mères nous ouvrir les veines avec le verre brisé des tubes-écran dormir à la belle étoile des néons vénéneux peigner le soleil tumoral sous les rayons des chevelures fixatives remplir les fleuves d’œil de graisse de soupes toxiques d’arcs-en-ciel sur l’aplat des pluies acides nous prenons des bains de minuit moins cinq en amoureux au bord de l’abîme en suivant à l’écran les westerns des politiques étrangères les enfants maintenant faits en Chine sont expédiés le jour même tu ne peux savoir comment la destruction rapide le coup d’essuie-glace effacerait les halos de smog les ronds de fumée des cigares au-dessus de Wall Street de WalMart du Chinese Great Wall la disparition préventive des astiqueurs de machines à sous je n’ai aucune conscience sociale flibustier je tire à boulettes de papier blanc depuis ma sarbacane coronarienne sur le domino des hommes convaincus
Artiste
Catherine D’Amours
Prix
Finaliste au Prix du Gouverneur général