Sur le chemin Marchant

Martin Thibault est originaire de Notre-Dame-du-Lac, dans la région du Témiscouata. C’est là, dans cette région, Sur le chemin Marchant, qu’il ancre ce texte initiatique. Il fait une plongée au cœur de l’enfance: première passation du fusil paternel, première transmission d’une génération à une autre, et, dans les senteurs des bois, sur le chemin de Monsieur Marchant, tout un monde nouveau s’ouvre devant les yeux du jeune garçon et installe déjà la « pièce » à venir: l’homme, les amours, l’écriture. L’auteur se remémore cet instant où, le doigt sur la gâchette, il s’apprête à tirer sa première perdrix. Derrière lui son père et sa mère. Devant lui, son expérience poétique et théâtrale, son propre cheminement dans les mots. Le texte s’installe alors dans un étrange espace-temps, où passé et présent s’entremêlent, où tout s’ouvre aux associations les plus libres, entre chasse et création, paysage et mémoire. Martin Thibault nous offre là un récit évocateur où l’enchantement redonne vie à un monde passé. Le lecteur, cheminant tout au long de la tendresse et de la mémoire, découvre un lieu où une histoire de vie s’est enracinée.

Le texte est accompagné de photographies de l’auteur et d’autres en provenance du musée McCord.

J’avais le doigt sur la gâchette et je tremblais comme une feuille. Les arbres étaient plus nus que des filles de bois aux nœuds doux, voilà que les mots se mettaient à courir en tout sens à mes pieds et à grimper sur mes jambes comme des souris orangées, rouge et ocre. Ou bien était-ce les feuilles d’érables à moitié pourries qui reprenaient vie, se dégageaient de leur humidité et du premier gel ?