Replis, chambre de l’arpenteur

Chaque texte de Replis, chambre de l’arpenteur raconte une histoire sans commencement ni fin, dans un hommage aux poètes de la prose. L’intérêt se porte ici sur le mouvement même de la narration d’une histoire en devenir, et peut-être mort-née. Néanmoins, au fil de la lecture, une histoire a bien lieu, qui invente ni plus ni moins que la lecture elle-même. En une seule phrase, le pari de chaque page est donc de tracer une potentialité : le texte crée l’illusion d’un horizon prosaïque sans que les images ne déploient une linéarité ; c’est plutôt le temps qui ouvre la chambre, ainsi que le fait le poème, à la circulation des légendes, comme des personnages.

Je voulais en une seule phrase rendre un hommage aux poètes prosateurs ayant inspiré ma vie et mon écriture, redonner à ces femmes et ces hommes l’écho d’un souci que je partage, alors qu’en ce qui me concerne, mon seul personnage est un auteur en devenir et un langage. Ces noms se sont brisés et confondus en cours d’écriture. Ils ne sont pas disparus pour autant, ils se sont transfigu­rés dans le personnage Bélanger.

Tous ces noms sont bien évidemment le reflet d’un parcours de lecteur, son his­toire, toute partielle soit-elle. C’est tout naturellement, si j’ose dire, que l’écriture a tout défait pour reconstruire.

Enfin, après quelques années de tourmentes, quelques his­toires d’une seule phrase ont survécu. Tout système finit par se dénaturer, une autre nature naît, libérée de sa référence, se soumet aux nouvelles con­traintes.