Reculez falaise
Le recueil constitue la poursuite logique des questionnements de l’auteur à propos des liens qui unissent poésie et géographie. Après avoir dessiné une géographie «des lointains», il a voulu interroger le proche, le connu accessible, bref ce que ne cache pas la ligne d’horizon. En d’autres mots, il arpente par le poème l’espace circonscrit d’une ville, la sienne (Québec), espace qui donne chair et sens à ses déplacements quotidiens. Chacun des poèmes porte comme titre un lieu visité, foulé, observé, ce qui fait qu’on pourrait parler, en parlant du tout, d’un exercice de topographie poétique. Dans ce parcours géographique, l’espace connu se découvre, ses images lisses, formatées, touristiques se fissurant pour laisser apparaître d’autres visages – ceux que forment les composantes géologiques, liquides, végétales, architecturales, humaines de la ville. C’est dans ces visages que le promeneur se projette et interroge au passage ses origines, ses ancrages, ses perspectives, en un mot – puisque la ville est dans l’œil de celui qui la regarde – sa propre géographie intime.
Parc du Cavalier-du-Moulin
On chercherait en vain les jours d’ensoleillement, de ténèbres ou de brouillard, les heures lentes, monotones, au cours desquels se sont soudées, sans le moindre remuement animal, les couches et les strates profondes qui soutiennent ce parc minuscule, plissement précis du paysage que l’on découvre par hasard en allongeant le pas et son souffle vers les hauteurs. Sous des ormes paisibles, on y ouvre des livres dont on n’atteindra que la surface, les crêtes allégées des signes typographiques, sachant que l’œil qui les a tracés remue et presse d’autres silences, dans l’ombre.
Photographies
Yves Laroche
Prix
Finaliste au prix Alain-Grandbois de l’Académie des lettres du Québec