Quelle mémoire plisse leur visage, suivi de Souffles
De l’île de Lesbos au fjord du Saguenay, en passant par les rues de Montréal, nous traversons l’ébranlement d’un cri irréductible. Les migrants naufragés en Méditerranée, les femmes et filles autochtones assassinées ou disparues; la vérité crue des visages creuse un chemin hanté. Et la mémoire se lève, des êtres nous guident, porteurs de gestes inespérés illuminant le prochain pas.
La deuxième partie de l’ouvrage donne à lire et à écouter le choix de la fulgurance. Cent cinquante aphorismes forment le souffle d’une parole oeuvrant avec force et délicatesse sa pensée, ses contemplations, ses gestes. La voie improbable de la transfiguration résiste face à la rugosité de l’époque.
1045 femmes et filles autochtones assassinées ou disparues. Les statistiques sont des cimetières, des labyrinthes, les monstres chuchotent derrière nous et ne se montrent pas. La peine de mort appliquée à l’espoir, la fragilité convoitée, monnayée, usée, jetée. Il faut plonger, réécrire le chemin. Prénom, nom, âge, l’encre pénètre le grain du papier, l’exorcisme ligne après ligne matérialise les sourires évanouis.
Artiste
Alexandra Cloutier