Portraits de l’ascète en coureur de fond
Le coureur de fond et le poète ont ceci en commun que leur course demande du souffle, de la résistance et une volonté de transformer douleur et brûlure en extase. Jouant de l’analogie entre écriture et course, le portrait devient méditation, dépassement de la souffrance. La prose élabore la figure du livre peu à peu : le poète descend en lui-même pour inventer un lieu entre souffle et pensée. Le poème a soif d’être rassasié; il court au-devant du sens avec un appétit démesuré.
Les livres sont là, si différents des étoiles. Il lit, il court. La grâce le rattrape au milieu d’une phrase ou d’un bond. La vie neuve naît en même temps, entre l’œil et la paume, dans le cartilage des pensées. L’ordre, la névrose, la répétition sont d’égale substance. Des armes contre le hasard, un clin d’œil de Dieu qui n’aime que le rythme.