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Portrait d’homme
Le mime relaie le geste là où la parole s’arrête. Voilà sa manière de porter un monde : dans son corps, il pense figure, il pense rythme, il pense poème. Un jour, nous apprendrons en lui, et par lui, à articuler quelques mots d’un silence hébété, de gestes et de peaux. Le mime nous sauvera-il de la faim si grande, de notre gueule de bois, de nos tempêtes, déserts de ciment et d’acier ? Dans le refuge que sera devenu son visage, nous ne demanderons peut-être, toi et moi, qu’à disparaître. Les poèmes qui forment ce recueil tracent le portrait d’un homme aux limites du social : l’itinérant, dont la voix demeure, comme pour le mime, inaudible.
La rue se tord — branches mortes, essuie-glaces — se déchire. Ta présence est une entrée, une porte vers un sous-sol, une cave ou un terrier. Tu me dis préférer la disparition d’un être cher aux orages. J’ai le projet de te montrer ce que je trouve beau.
Œuvre en couverture
Geneviève Dulude-Decelles
DANS LA PRESSE
«D’une part, une jeune femme témoin et, d’autre part, un itinérant malmené investissent l’espace de la ville. Dans la saleté des sacs d’ordures, comme dans la noirceur glauque des ruelles, passent ainsi des êtres qui vont, qui marchent, qui ploient. Mais la pauvreté est de chaque côté du miroir, et la faillite du sens prend, dans ce recueil tout en retenue, une dimension tragique.»Hugues Corriveau, Le Devoir, 14-15 mars 2015
«Dès les premiers poèmes, on entre avec Giasson-Dulude dans ce quartier [Centre-Sud de Montréal], comme on descend dans un sous-sol ou un terrier, duquel on trouvera une beauté chancelante, mais assez de lumière pour remonter vers les visages.»
Mélina Bernier, site La Recrue du mois
«Portrait d’homme […] est déjà doué d’une belle cohérence autour du mime corporel, mi-itinérant, mi-artiste […]. […] Il est à souhaiter qu’une telle persévérance se poursuive et s’approfondisse.»
Élise Lepage, University of Toronto Quarterly, vol. 86, #3, été 2017