Port de terre
Les lieux nous engendrent autant que nos père et mère. Ils donnent naissance à nos façons d’être et de parler, de vivre, d’aimer, même de mourir. Trois Grands Enfants explorent dans ses recoins les plus secrets la forêt montmorencienne, dans l’arrière-pays de Beauport, leur « port d’attache », dont ils se détachent petit à petit pour épouser le grand large que les bois incarnent avec leurs défis et leurs dangers. Ils y découvrent qu’ils ne sont pas encore nés : ils s’accoucheront dans la douleur et dans la joie, sortant peu à peu de leur longue incubation grâce à la puissance de la Poésie, langue première des bêtes et des plantes qui composent le peuple des forêts, cette grand partition de la vie à l’état brut qu’ils interprètent jusqu’à la dissonance et au charivari. Entre fable et poème, mémoire et essai, Port de terre met en oeuvre toutes les ressources du langage pour raviver le grand big bang qui nous ré-enfante à chaque instant.
Tout est un port : une chambre où rêver, un livre à lire ou à écrire, un tableau à faire ou à regarder, une musique à écouter… Mais surtout : une forêt où prendre le large, une falaise d’où contempler le vide, une longue rivière où je m’élance sur un navire sans coque ni voiles pour un voyage dans le temps autant que dans l’espace, dans tous les âges de mon histoire.
Artiste
Christine Palmiéri