2003

$14.95

ISBN : 978-2-89018-496-1

Pierres de passage

Diane Régimbald

Ce second livre de Diane Régimbald prend prétexte d’une phrase de Paul Celan pour entamer son mouvement, comme si cette phrase servait à entrer dans son chant : «On m’a dit qu’il y a / dans l’eau une pierre et un cercle». Mais ce pourrait être tout aussi bien un «chant de mère» (titre d’un poème du recueil). Quête de mère à mère où le poème cherche le nom lié à son corps, comme si la voix était le corps fait don. «Je suis née de ce qui façonne la terre», écrit-elle en ouverture. Les interrogations du poète ne cesseront pas du début à la fin, tant ce mouvement, lié à la vie, aux choses et aux éléments, confronté à «cette impression de mourir», est dicté par l’urgence. Quel nom transmet-on d’une mère à l’autre, sinon le rythme de son oubli, le chant de sa métamorphose. Car il s’agit bien de remonter à l’origine, «le ventre gonflé par ton ombre», et c’est «l’ombre oubliée de l’enfance» qui «ouvre le livre». L’amour, comme un fil de continuité sans lequel on ne saurait entrer dans le monde, se transmet indistinctement, sourdement. L’enfance annonce l’aurore, et l’âme voit l’essence du monde. Tout se tend entre le corps, la chose, la nature et le livre. Mais seul l’amour crée la constance et la tension avec le temps qui passe : «l’âge de la terre passe / et nous, dans un froissement d’ailes», disant ainsi notre fugace présence. Vie tissée au milieu des autres vies. Ainsi, l’eau et le poème vibrent au cœur des pierres.

On recueille une voix, un chant
un visage portant les traces de ses origines
un corps que l’on vêtira
d’un nom de pierres.
Déchirure du centre
du corps qui s’ouvre au nom perdu
de la mémoire des eaux.
L’ardoise en bouche
des fureurs dorment sous les algues.

Œuvre en couverture

Alain Petel