Petites primeurs

Anne-Marie Clément

Rue des Érables, une femme assise dans l’escalier, et son désir naissant pour un passant qui déjà s’éloigne. L’enfant à côté d’elle suit la trajectoire des samares qu’il lance par-dessus la rampe de bois. Il observe les délicats engins se poser un instant sur la brise, se déporter vers l’autre trottoir, descendre au ralenti et choir.

Artiste
Maria Desmée

DANS LA PRESSE

«Bien qu'il paraisse dans la collection “Initiale” des éditions du Noroît, consacrée aux premières œuvres, Petites primeurs d'Anne- Marie Clément fait non seulement preuve d'une grande maturité d'écriture, mais c'est aussi un très beau recueil. Ce qui fait la qualité de cette quarantaine de poèmes en prose se mesure d'abord aux écueils que réussit à contourner une poésie inspirée, comme bien d'autres, par l'écriture de Marguerite Duras. [...] Ce qui frappe, c'est la grande sérénité qui traverse tous ces poèmes. Les paysages marins ne sont jamais loin, à cause de la proximité du fleuve (les paysages de Rimouski, sans doute, où elle a fait des études), l'enfance, la lumière, les motifs les plus simples, mais où l'essence des choses compte moins que la réunion de leurs éclats. Voilà un recueil substantiel.»

Jacques Paquin, Lettres québécoises, 1997

«Lire Petites Primeurs, c'est s'abandonner à une intelligence qui tantôt connaît le mystère des huards tantôt les caprices des sporanges et des bourgeons foliaires. Puis lorsqu'au détour d'une page, une fatigue atteint un arbre et le fait disparaître, le fleuve prend la relève. On entend sa respiration, ses humeurs qui changent, le grondement qu'il laisse dans l'air. [...] Et si le vœu de l'auteure devait être aussi de m'entraîner dans le tumulte des eaux pour y surprendre “l'autre”, je fermerais les yeux et en silence y consentirais.»

Micheline Morisset, Tangence, 1997