Peinture aveugle
Empruntant l’expression à Léonard de Vinci, c’est avec une justesse implacable que Robert Melançon nous décrit sa «Peinture aveugle», qu’il présente dans sa Postface :
« Une première version de Peinture aveugle a été publiée en 1979. Elle présentait un état provisoire d’un livre entrepris dix ans plus tôt, qu’il fallait publier malgré son inachèvement pour faire le point. […] Une traduction anglaise de Philip Stratford a permis d’en proposer une deuxième version en 1985. Elle restait un état provisoire d’une somme en devenir. Puis sont venus – se sont imposés – d’autres poèmes, qui ne pouvaient trouver place dans ce projet et qui se sont déposés dans quelques recueils subséquents. Dès lors, le sens de ce livre avait changé : il n’était plus le seul mais le premier d’une série. […] Il restait à le mener à terme d’une façon ou d’une autre, à lui donner une forme qui n’attendrait plus de compléments. En voici donc la troisième version, définitivement inachevée par rapport au projet initial, néanmoins close. Beaucoup de temps s’est déposé dans son peu de pages. Il avère leur titre : la poésie est vraiment une “peinture aveugle”. Elle n’en tend pas moins, par des voies que l’auteur ne maîtrise pas tout à fait, à la lucidité. »
(Extrait de la postface de l’auteur)
Chance la plus fabuleuse,Mais sans hasard,Le poème naît par lente improvisation.Ce qu’il donne n’est pas le secret du monde,Mais le monde même,Drapé de lumière et d’ombre,Ne laisse entrevoir que par instants,Dans une improbable éclaircie,Ce qui fuit entre les mots.