Passage de Franklin
En 1845, deux vaisseaux britanniques partent à la recherche du passage du Nord-Ouest sous le commandement de Sir John Franklin. Ils restent coincés dans l’étau de glace des mers arctiques. Le sort des membres de l’équipage et l’emplacement des épaves restent à ce jour une énigme. Nombreux sont ceux qui ont voulu la résoudre. C’est de cette volonté que traite l’œuvre de David Solway, Franklin’s Passage. Les textes du recueil se présentent comme des documents fictifs mis au service de la réflexion de l’auteur et transformés en poèmes. Au moyen d’extraits de journal d’hommes perdus en mer, de rapports des expéditions subséquentes ou d’œuvres de fiction basées sur les célèbres vaisseaux, l’auteur trace des liens entre les promesses qui ont motivé l’expédition, les nombreuses hypothèses qu’elle a générées et les histoires qu’elle a inspirées. C’est précisément cette notion d’histoire qui intéresse le poète, l’irrésistible nécessité de « braver les récits », car il sait que ce qu’il reste à faire dans un monde d’obscurité et de froid, c’est d’ordonner nos déambulations en objet cartographique intelligible. Avec Franklin’s Passage, David Solway fait réfléchir la quête d’un équipage perdu dans la nuit arctique sur celle de l’homme pris avec le mystère de son existence. Monique Larue, présidente du jury du prix de la ville de Montréal, a écrit au sujet du livre : « Franklin’s passage est une synthèse unique de poésie et d’histoire. Dans une forme originale, le livre mêle conversation quotidienne et reportage avec une force d’évocation poétique unique. Se donne ainsi à lire une profonde expérience de la vie dans une quête d’universel. »
Afin d’atteindre les eaux qui venaient de s’ouvrir« à un peu plus de cinq mètres de la proue »et de bien diriger la coque,ils ont dû creuser un canal jusqu’à la voie la plus proche,percer deux trous dans la glace avec la hache,tirer les scies de quatre mètres avec des pouliesattachées à des trépieds improvisés sur les mâts,faire pénétrer les scies dans la glace,rogner les gros blocs ou les pousser vers le bas,puis faire zigzaguer les navires à travers les sinueux couloirspour fendre l’étendue de glace qui relie Devon à Cornwallis.Mais nous, nous n’utilisons pas de tels outils.Nous restons loin,du bon côté de la crevasse,du bon côté de Devon et Cornwallis,en partie par tact,en partie parce que nous perçons et nous fendonsun Passage différent.
Traduction
Marie Frankland