Mourir est beau
Avec une oeuvre de Michaëlle Sergile en couverture
Penser à la mort selon les poètes Noir.e.s des Amériques est inévitable pour moi, qui ai déjà parcouru les marges et même la folie. Mourir est beau, la faire belle cette mort qui nous est promise et que même, nous réclamons. La vouloir belle cette mort qui nous engloutit déjà. La convoquer pour délimiter nettement les limites acceptables de notre dignité. La penser cette mort, en déroulant l’écriture, en façonnant le poème, c’est la seule manière sans doute de penser à notre poésie et à ce qu’elle contient pour nous faire continuer la vie.
S.M.
Peut-être que le déplacement
égaille ma vie en plusieurs pointsme bissextile
décuple mes vécus
comme si chaque route fermée
en engendrait deux autresj’arrête le chronomètre
les gens autour de moi
vieillissent plus vite si j’ai le dos tourné
l’usure
ma place
non tenueAlors que même inachevé
mon corps égrainé
élimé
éreinté
reste présent
DANS LA PRESSE
« Celleux » auxquels s’adresse ce recueil tiendront à ce témoignage poignant tant est pertinente cette parole déjouant le destin. Il s’agit, pour la poète, de ne pas succomber à l’appel des sirènes. « Peut-être que j’écris ce livre parce que ma mort est commencée », écrit-elle. Autour du deuil se déploie cette pensée de survivance et de conscience aiguë.
– Hugues Corriveau, dans le journal Le Devoir de la fin de semaine dernière, offre quatre étoiles à Mourir est beau, le tout nouveau recueil de poésie de Stéphane Martelly.