Montagnes fugitives
On entend dans Montagnes fugitives la quête d’une béatitude : «La béatitude, âme coulante / rince de rires et murmures / les miroirs du temps». Ces poèmes de Hossein Sharang veulent traverser les apparences pour se trouver de l’autre côté des choses. Ils sont teintés de ferveur, de jeux humains dans lesquels l’amour, le tragique, l’espoir reviennent dire tour à tour la fugacité de toute chose. Poèmes, comme des saisies de l’instant.
Dans sa présentation, Yadolla Royai s’attache à démontrer que cette poésie, qui lutte face à l’invisible, est en quête de l’indicible, «lorsqu’il a le dos tourné au monde pour voir le dos du mot». Quête qui donne accès à la face cachée de la chose. On sent le poids du temps, les symboles (propres à la poésie iranienne) nous le rappellent : «Ainsi le serpent / se fait roseau, plume / et de sa langue coule / le poison des millénaires». L’eau, symbole du temps, «n’étanche plus la soif», mais descend dans l’être puiser l’essence de la parole. Parole sans parole, «langue sans langue dans la langue». Le silence ondule, et le poète apparaît au moment où il découvre sa disparition. «Comment dire ? s’interroge Hossein Sharang face à l’invisible, en quête de la hauteur ou de la profondeur : comment écrire le cri des racines?»
Comme de mon commencement j’ai peur le commencement aussi a peur que le papillon ne se pose plus que l’arbre pousse éternellement dès lors commence le temps où il faut tomber de soi-même dans la profondeur éternelle
Traduction (du persan)
Gilles Cyr et Bahman Sadighi
Présentation
Yadolla Royai
Œuvre en couverture
Khosro Berahmandi, Pèlerinage