M. – De la terreur
M. – De la terreur est né de la lecture de Contre tout espoir de Nadejda Mandelstam, qui relate les événements entourant la première arrestation du poète russe Ossip Mandelstam et de son départ pour un camp de concentration où il ne parviendra jamais, mourant durant le transport. C’est au poète traqué, réduit au silence, vivant dans l’indigence, qu’est adressé l’impératif par lequel commence chaque poème, «dors», «ne dors pas». C’est toujours la nuit, mais pas la nuit métaphysique ou métaphorique : plutôt la nuit quotidienne de la Terreur stalinienne. Poésie politique, donc, avec des références directes à la police secrète, à Staline, ainsi qu’à leurs victimes. Mais aussi poésie de l’envers de la Terreur, qui explore le monde onirique, là où l’ailleurs surgit et où le poète est à nouveau et miraculeusement encore sujet de sa vision.
Ne dors pas,
dehors se tientimmobile,les yeux fixéssur le pointde chutede la nuit,
celui qui saittous les noms trahis,toutes les vies éparses
Photographie
Lynda Gauthier
DANS LA PRESSE
«Revenant sur les derniers jours de cette déportation sibérienne [de Mandelstam], Dario De Facendis […] évoque la désolation glacée de ces nuits où un témoin de vérité subit dans la solitude le châtiment réservé à ceux qui ont osé. Que peut-on dire à celui qui espère autant le sommeil qu’il le craint ?»Georges Leroux