L’oreille au mur
Quatorze poèmes
Gabriel Landry
Au fil d’un calendrier marqué de haltes et de reprises, un marcheur accueille les bruits, les points d’orgue ou les escarmouches d’un réel qui tour à tour s’érige et se soustrait. L’Oreille au mur, en quatorze longs morceaux dont la trame est entre prose et vers, pose les pierres d’attente d’un édifice à recommencer sans cesse. Mais l’oreille au mur, c’est encore celle qu’on colle à ce rempart de tant de livres, de tant de voix entendues : mots qui bruissent, séduction phonique d’un devoir formel accompli, et qui résonne toujours.
Tu désembues les vitres du vieux Ford.L’oncle volubile est à côté, sa rouleuse sur la langue,il cogne du marteau sur le toit d’une bâtisse.Au comptoir où l’on vend des cartouches, ça parlemartes, visons, peaux de loutre à venir.
Sling-shot et tessonsde lumière, dans l’automneaux odeurs de brûlé‒ dans l’automne brûlerie.
On entend japper des chiens, c’est du côtéde la réserve, c’est pas trompant.Tangage doux des épinettes ‒ leurs flèches droitesfusant dans le paysagebleu-roux d’octobre