L’ongle le vernis
Avec des œuvres de Symon Henry
Alors que tout se croise, s’invalide et se relance dans la chaleur éphémère des poitrines, que l’abstraction frôle nos méthodes secrète de présence, comment nommer les gestes d’abîme, le fondu enchaîné de nos apparitions; comment faire pronom du chassé-croisé de nanosecondes et de réalité augmentée qui parcourent désormais notre lexique et l’immense vie qui continue son oui ?
L’ongle le vernis renouvelle le militantisme féministe et intellectuel de Nicole Brossard qui, toujours aussi actuelle, introduit dans son œuvre les identités plurielles et leurs possibilités langagières. Ce livre d’artiste rejoint notre temps fragmenté : du corps aux matières inénarrables de jadis, du présent continu à l’oxygène, l’autrice franchit tout, bras ouverts, une étincelle à la main. Ici, les œuvres de Symon Henry sont bien plus que le témoignage d’une grande amitié; elles sont la raison du poème, la réponse à ses audaces.
au chiffre cinq tu observes
une éclosion de possibles pronoms
entre l’encre et le vernis d’écriture
une esthétique du pluriel
certes le soleil, champs familiers
de guerres et de cadavres
de femmes concentrées là à enfanter
porteuses d’eau de vie et de nombrils
crieuses de nuit dans l’écho
des nœuds et barbelés d’humanité
DANS LA PRESSE
Toujours présente, avec sa ferveur, Nicole Brossard ne cesse d’étonner de livre en livre, de projet en projet, avec une pertinence que rien ne contraint, elle qui est à l’affût, qui parle toujours dans la réalité de nos heures contingentes. [...] Ce recueil ne fait qu’accentuer la pertinence stimulante de Nicole Brossard qui poursuit, dans la modernité de sa langue, les traces sous-jacentes de notre essentielle présence au monde.
Hugues Corriveau, Le Devoir (7 mai 2022)