L’oeil au ralenti

Le recueil reprend des livres qui ont paru au fil des ans dans des tirages limités ou des livres d’artistes. Son mérite est de souligner encore une fois la constance de l’auteure dans la création et de réaffirmer son projet esthétique dont le dialogue des arts est un enjeu fondateur donnant aussi ses possibilités de lecture. « À côté des recueils de poésie de production courante, dont plusieurs se sont articulés autour d’œuvres d’art, voici regroupés des textes généralement plus courts écrits entre 1989 et 2005, pour des projets — livres à tirage limité, catalogues d’exposition et ouvrages collectifs — élaborés en grande partie hors de la salle de travail et en étroite collaboration avec des concepteurs et des artistes. Dans l’ensemble, il s’agit d’expériences qui ont beaucoup à voir avec ce qui se passe au théâtre ou en musique, et les échanges — la complicité donc — qu’ils présupposent provoquent et dépaysent, activent autant la pensée que l’imaginaire. Même après, quelque chose continue de durer, qui réconforte dans les moments plus âpres de l’écriture quotidienne. Même après, on ne se sent plus tout à fait solitaire. »

j’insiste sur la profondeur

je cherche à confondre la beauté

quand elle est hors d’elle-même

je veux dire là

offerte là

pour l’œil seulement

l’œil ébloui béant

et cependant captif

de la planéité des surfaces