L’incessant retour 2
La terre ancestrale est le deuxième volet d’une trilogie intitulée L’incessant retour et qui a pour toile de fond le personnage mythique d’Antigone. Dans le premier volet de la trilogie, intitulé Le bois sacré, la narratrice s’enfermait seule dans sa chambre pour traverser les étapes du deuil après le suicide du père. Ici, la poète reprend le chemin du père pour expier sa faute. La figure d’Antigone est toujours au centre. Par ses yeux, Nicole Richard descend vers les rives du nom pour convoquer un retour impossible. Mais « il n’y a point de honte à honorer ceux de notre sang » (Sophocle), inscrivant d’emblée un projet « familial » que le mythe permet d’appréhender. Dans une forme qui se rapproche du sonnet, qui serait la forme structurante du tout, Nicole Richard nous donne un livre profond où «l’énigme séjourne / dans l’antre du domaine» – celui de la famille, celui du mythe, celui de la mémoire personnelle.
Je suis témoin de la destructionles liens intimes soucieuxdu passage à la clarté.La grande famille rôde aux alentourssur le visage orphelin un nom persistesoulignant à double trait l’appartenanceaux abîmes.Sous l’éclairage criblé je mets au mondePolynice qui se consume sous mes yeux –dehors tout porte à croire ce que l’on voitmais la vraie nature rugit en cage.
Œuvre en couverture
Yoakim Bélanger