Les yeux bandés
Devenu aveugle à la suite de l’explosion d’une grenade dans son Liban natal alors qu’il est adolescent, John Asfour arrive au Canada fort des mots de James Joyce : « Quant aux yeux, ils n’apportent rien. J’ai des mondes par centaines à créer et je suis sur le point de n’en perdre qu’un. » Ce livre cherche à faire comprendre comment un handicap influe sur la vie et l’esprit de qui en est atteint. Dans une suite de poèmes parcourue d’une même thématique, l’auteur se sert de la métaphore du bandeau pour dévoiler à ceux qui voient, mais demeurent aveuglés, des sentiments complexes faits d’étrangeté, d’émotions et de pressions exercées par la société. Ces textes racontent la perte, l’abandon, l’aliénation vécus non seulement par les handicapés mais par tous les « hors-normes » de ce monde.
Voulez-voussavoirce que c’estque d’êtreaveugle ?Comment la douleur originelle
s’empare des autres senset se transforme en rage, une frénésie inhabituellecomme si elle venait d’un autre langageou une fièvre d’anticipation ?
Traduction
Jean-Pierre Pelletier