Les mouches, la viande
Alexandre L'Archevêque
« Regarder pourrir. La chair difforme, convulsive. Vivre. Ou fermer les yeux, rejoindre le minéral, figer l’instant. Répéter, mourir. » Tels sont les mots de l’auteur pour présenter ce recueil d’une même intensité que son premier titre, Morts du ciel. Approchant la mort par son corps, le poème n’élude pas le deuil, mais se livre ici à sa rigor mortis. La vie se poursuit ainsi après la mort. La vie qui demeure, tournée vers la dépouille et la terre qui l’accueille. l’économie verbale de cette écriture permet de toucher l’essentiel en créant des images percutantes du réel, tel ce nuage de mouches nourri de sang.
ciel emboîté le soleil rangé dans un coinle pays n’aura jamais été aussi tranquille le tunneltraverse le chien
le
DANS LA PRESSE
«[Une] vision implacable du monde tel qu'il est, sans fioritures, sans compromis. Le regard acéré d'Alexandre L'Archevêque, scalpel fouisseur des drames de l'humanité, donne à penser le réel dans sa marge, noire.«Mais [pour] expliquer quoi au juste ? La précarité du vivant, son irrémissible faillite ? […] C'est peut-être même à cause de ces faiblesses qui mettent à mal le devenir que le poète tient tant à l'affleurement du moindre souffle. Il ne faut jamais oublier cette espérance, aussi faible soit-elle : “chaque mourant est une goutte d'eau dans le sable”. »
Hugues Corriveau, Lettres québécoises, 2011
« En évitant toute velléité lyrique, L’Archevêque mise dans les mouches la viande sur une objectivité qui, parmi ces poèmes en forme de décombres, fait figure, de loin en loin, sinon d’éthique, au moins d’exigence. […] Au cœur de la catastrophe, témoigner obstinément des choses : voilà l’enseignement que l’on pourrait tirer de cet important livre. »
Hugo Beauchemin Lachapelle, Poème sale, hiver 2013