Les morts de l’infini
Le titre est dès l’abord frappant. Mais son évidence est immédiatement déplacée par le lieu, car le narrateur est sur une île du Bas-Saint-Laurent. C’est dire que les lieux et les choses continuent d’inspirer le poète qui y puise la matière de ses textes. Le regard semble surgir du lieu lui-même ; celui-ci est la vraie légende que l’auteur poursuit depuis de nombreuses années. Il s’agit d’une quête exigeante, constamment en métamorphose, toujours susceptible d’un éblouissement ou d’un énoncé surprenant, d’une image qui frappe. D’une entrée au monde qui nous rejoint dans notre expérience profonde. Histoire qui s’édifie dans le mouvement de fond d’une écriture éveillée, à l’affût du lien entre le paysage et la figure donnée par le texte, et qui est issue de l’intériorité de la personne, tant il est vrai que le voyage ce sont les voyageurs eux-mêmes. Parmi les objets du monde, ces choses toutes simples qui nous relient à la réalité, la voix intérieure de sa traversée dans l’espace.
La fissure lumineuse devant mon lit. Je détourne la / tête pour mieux flotter dans ma nuit surpeuplée. / Des tonnes de sentiments s’écoulent au marché noir/ de l’insomnie. Ma vie en pièces détachées, ramassées, / accumulées, enfouies de nouveau. Il est vraiment / plus facile d’ouvrir toute grande la porte des ténèbres/ que de contempler cette rainure de lumière./ Elle persiste malgré tout ou plutôt malgré moi. Elle/ demeure un passage obstinément ouvert, une mémoire/ enfin dépossédée de ses propres clefs.
DANS LA PRESSE
«Ses recueils évoquent divers voyages dans une langue aventurière, parfois hermétique, parfois d'une grande franchise, alors que la prose et le vers y alternent en parallèle avec une constante transformation identitaire.«Grâce à une forte unité thématique et à la quête ininterrompue qui traversent les livres de Pourbaix, on peut facilement les considérer comme un grand cycle.»
Thierry Bissonnette, Le Devoir, 2005
«L'œuvre de Joël Pourbaix ne quitte pas ce terrain de sagesse qui puise sa nourriture aux sources les plus anciennes. Des références aux mystiques occultistes ou hermétistes sous-tendent le symbolisme de sa poésie. Dans ses pérégrinations solitaires, ce poète n'a de cesse de chercher un contrepoids au désarroi moderne.»
Jocelyne Felx, Lettres québécoises, 2006