Collection Dialogues
2013

$18.00

ISBN : 978-2-89018-760-3

Les lanternes flottantes

Mercedes Roffé

Les lanternes flottantes éclairent la réalité humaine en affrontant son horreur originelle, qui n’est pas la chute, mais sa condition «d’excroissances acres, fétides / comme un ichor de Dieu». Dans toute leur fragilité, les poèmes de Mercedes Roffé exacerbent la réflexion sur la dignité humaine en en soulignant la vanité, et ce, jusqu’au point de rupture des oppositions qui la déchirent. Cette avancée périlleuse, la poète la mène pour retrouver la forme originale de l’unité en abolissant le temps, dans l’instant d’une lumière infime, et la distance, dans la nuit ouverte. En son fondement ontologique, le poème atteint ici l’ascèse grâce à l’éthique qu’il fonde dans le rapport salvateur à l’autre – dans l’échange, chemin d’une rencontre qui ne soit pas abstraite ou spirituelle, mais bien ancrée dans le corps, afin que « L’amour [soit] au corps / ce que la contemplation est à l’âme / Ce calme / Cette intuition / du tout dans l’instant ».

Il y a de la méchanceté
Résidons au bord de la nuit
Il y a de la corruption et du mensonge
Résidons au bord de la nuit
Il y a de la mesquinerie, de la malice, de la
bassesse

 

Résidons au côté du jour
Il y a de la pauvreté et de la douleur
Résidons au côté du jour

 

Résidons la nuit à côté de la nuit
Résidons la nuit dans le sein urgent du jour

 

Il y a du mal, de la fraude, il y a de l’ombre
Demeurons
dans la faille du jour
Demeurons
dans le sein de la nuit
dans le sein fétide du mal         contre le mal.

Traduction

Nelly Roffé


Photographie

Shinnyo-en