Les chairs étranges suivi de Bleu Soudain

Après la libération que permettait son premier recueil Les ailes closes, Catrine Godin nous revient avec une exhortation à être, à s’appartenir au plus proche, dans ce diptyque formé de Chairs étranges et de Bleu Soudain. Cet impératif, c’est le souffle qui le porte et l’actualise : d’abord, de façon presque imperceptible, et léger comme le vent, dans la première partie, où l’on observe au ras du sol la flore qui s’abandonne ; puis, dans le second livre, où le souffle en pleine expansion, libre et s’accélérant, suggère non seulement l’avancée sur la route en bordure d’une forêt, mais également l’essoufflement joyeux et extatique de s’appartenir vivant. Voilà bien la nécessité du recueil construit comme un oxymore : conjuguer le grand cadeau de la pensée de Virginia Woolf qui veut que « chacun recèle en lui une forêt vierge » avec le souffle de Jack Kerouac.

Qu’est-ce que la lumière ? Qu’est-ce sinon l’immatériel indispensable faisant résonner la part d’impalpable que nous portons ; qu’est-ce sinon ce qui, de proche en loin, nous ramène à l’essence vive, la joie, jusqu’à ce serrement dans la poitrine et jusqu’aux larmes, dans l’intensité la plus belle et fulgurante.