Le reste grandit
Livre d’artiste sur la disparition et l’amour, Le reste grandit plonge au cœur des épanchements liés au deuil d’une relation amoureuse. Tantôt frêle, tantôt brûlante, la voix cicatrise à travers un quotidien peuplé de soleils rouges, delarmes échappées et de voyages en pouce le long du fleuve Saint-Laurent.
Dans ce journal à la fois poétique et visuel, Nana Quinn trace les contours d’une solitude nouvelle avec les restes friables des souvenirs. Les territoires extérieurs et intérieurs se lient et s’installent dans les lieux désertés par l’autre. Une rencontre intime se dessine. La vie reprend. Une vie frémissante, pleine comme un fruit mûr sur le point
Depuis des mois, je me bats avec les mots, je les attends, je les maudis, j’espère leur mise à mort. Ils arrivent aujourd’hui sur les ailes cassées d’un oiseau de charbon et je ne sais plus si je dois être soulagé ou effaré. Se faufile dans le sentier de ma gorge une voix rousse, rompue, une voix de caniveau.
Avec mes bras, je dessine une promesse dans le ciel : je m’enfuirai sur les berges, le long du fleuve. Je m’ouvrirai le ventre pour que le sable et les nuages s’infiltrent en moi et me fassent valser.