Le paradis des apparences (NE)
Robert Melançon
Robert Melançon ajoute ici un livre essentiel à sa production. Cent quarante quatre poèmes au verbe modeste et précis. Faits de notes sur les jours qui passent. La quotidienneté sert de prétexte à des poèmes dépassant la simple anecdote pour nous faire entrer dans une réflexion large et profonde où l’apparence dévoile son énigme.
La neige, sur les toits, les arbres, le sol,Répond au lavis qui tient lieu de ciel,Plus claire que le jour infusé d’encre.
Un pigeon trace, entre la cheminéeDu bureau de poste et la tour de la radio,Une hyperbole qui s’efface à mesure.
Un écureuil équilibriste a suiviLe fil du téléphone jusqu’à l’érableDont il parcourt les ramifications.
On chercherait en vain un autre événementSur ce théâtre réduit à presque rien, délimitéPar l’entassement des maisons de brique.
DANS LA PRESSE
«La langue poétique parle de vive voix, elle désigne, ne se contente pas de la pure transparence. Elle joue de sa matérialité sans effets de voix. Elle chante en finesse et en toute discrétion.«[Robert Melançon] s'applique à rendre fictive sa vocation picturale, l'accomplissant du coup dans la substance ductile du langage. Je songe plus à l'aquarelliste qu'aux fresques murales. C'est une transparence en mouvement; les images bougent, reparaissent sous une autre forme, frémissent dans une lumière liquide que le coloriste travaille comme le cinéaste le fait avec sa pellicule.»
Réjean Beaudoin, Canadian Literature, 2005