La petite mariée de Chagall
Le deuil et la mélancolie, ces lieux de l’âme, fondent dans le parcours poétique de Paul Chanel Malenfant le climat affectif de l’imaginaire. Deuil des figures familiales, père et mère en allés ; des êtres disparus dans la turbulence du siècle; des paysages qui s’effacent, par delà la beauté du monde. Du temps même qui, inlassablement, passe. Le poète érige des tombeaux pour survivre dans le devoir de la mémoire, dans le bonheur d’expression de la pensée lyrique. C’est en ce sens que La petite mariée de Chagall convoque maintenant, entre lamentation et célébration, le mystère de la mère morte, à la fois comme un exorcisme de l’enfance – perdue / retrouvée − et un hommage rendu à la langue maternelle. Rumeur, sourdine, murmure : une trame narrative se profile dans le poème, attentive à la fois aux airs et aux affaires de familles, quand le cœur amoureux tergiverse, à dessein, entre l’invention d’un souvenir et la divulgation d’un secret.
tu vois bien toi l’aveugleet sourde et muetteque je suis en train d’écrire ta viecomme un homme d’âge mûren train d’étreindrele cadavre d’un amour
et je trembleô ma détresse !devant les livres de mortdevant les poèmes de deuilet de lamentationque je lis à ton chevet
heureusementon ne meurt pastous les jours
DANS LA PRESSE
« Le dernier recueil de Paul Chanel Malenfant […] porte moins sur l’absence que sur la mort. De manière très touchante, il relate l’agonie de la mère, gravement atteinte de la maladie d’Alzheimer. Les poèmes en vers […] ne sont pas sans rappeler les poèmes Heures de Ouellette […] »Denise Brassard, Voix et images, hiver 2014