2004

$14.95

ISBN : 978-2-89018-528-9

La mort d’Arthur Rimbaud

Yves Gosselin

La figure ruinée d’Arthur Rimbaud est au cœur de ce livre qui dit l’intensité du monde et le refus de la société des hommes. Constituée de trois parties, «Harrar», «La mort d’Arthur Rimbaud» et «Bonheur domestique», et précédée d’un texte liminaire qui révoque en doute le poétique, son appareil social et ses relais symboliques, cette plongée intuitive au cœur du mythe rimbaldien le transcende en multipliant les lignes de rupture en marge du discours habituel sur la poésie. Dans cette démarche aux antipodes des pratiques actuelles, le poète ou ce qui en reste cherche moins à préserver son statut fantomatique dans une société saturée par le mythe et l’image qu’à détruire en lui tout ce qui peut subsister d’illusions sur le langage. Ni issue ni recours, la poésie se retourne ici contre elle-même dans un mouvement perpétuel et incessant qui la discrédite et la disqualifie.

Ne pas pouvoir s’éveiller de la vie
Ne pas pouvoir s’endormir dans la mort
Sont les deux phases alternées d’un sommeil
Que nous n’approfondissons jamais
Nous ne sommes toujours par fatigue d’exister
Que des fantômes divisés que le temps fragmente

 

Qui éveille l’autre
L’homme vivant ou l’homme mort ?
Est la seule question en suspens
Dans le temps qui nous abolit
Dans ces instants où nous demeurons

 

Les morts ne veillent pas sur nous
Non plus que le sommeil

 

Vivants nous ne le sommes que par emphase
Voix chants fleurs
Un ton au-dessus du vide spectral toujours

 

Je ne dors ni ne vis
Je divise le sommeil en parts égales
De poèmes et de jours
Somme insuffisante

 

Pour supporter la vie absente
Je n’ai qu’un cœur incendié
Mais la mort ne me consume pas