La mort d’Arthur Rimbaud
La figure ruinée d’Arthur Rimbaud est au cœur de ce livre qui dit l’intensité du monde et le refus de la société des hommes. Constituée de trois parties, «Harrar», «La mort d’Arthur Rimbaud» et «Bonheur domestique», et précédée d’un texte liminaire qui révoque en doute le poétique, son appareil social et ses relais symboliques, cette plongée intuitive au cœur du mythe rimbaldien le transcende en multipliant les lignes de rupture en marge du discours habituel sur la poésie. Dans cette démarche aux antipodes des pratiques actuelles, le poète ou ce qui en reste cherche moins à préserver son statut fantomatique dans une société saturée par le mythe et l’image qu’à détruire en lui tout ce qui peut subsister d’illusions sur le langage. Ni issue ni recours, la poésie se retourne ici contre elle-même dans un mouvement perpétuel et incessant qui la discrédite et la disqualifie.
Ne pas pouvoir s’éveiller de la vieNe pas pouvoir s’endormir dans la mortSont les deux phases alternées d’un sommeilQue nous n’approfondissons jamaisNous ne sommes toujours par fatigue d’existerQue des fantômes divisés que le temps fragmente
Qui éveille l’autreL’homme vivant ou l’homme mort ?Est la seule question en suspensDans le temps qui nous abolitDans ces instants où nous demeurons
Les morts ne veillent pas sur nousNon plus que le sommeil
Vivants nous ne le sommes que par emphaseVoix chants fleursUn ton au-dessus du vide spectral toujours
Je ne dors ni ne visJe divise le sommeil en parts égalesDe poèmes et de joursSomme insuffisante
Pour supporter la vie absenteJe n’ai qu’un cœur incendiéMais la mort ne me consume pas