La forme du jour
Élise Turcotte
Qu’est-ce que le temps, sinon l’ensemble des consciences embrassées en un seul mouvement, et qu’est-ce qu’écrire, sinon donner sa pleine mesure au temps ? Élise Turcotte livre la forme du jour au cœur même de la fragilité et de l’intimité d’un corps qu’elle nomme histoire en acceptant de l’habiter. Or, la lourde gravité de l’humanité fait naître le désir paradoxal de la sauver tout en disparaissant avec elle. Les mots, les vers sauront peut-être épouser la forme de la nuit pour que le monde soit possible, ne serait-ce que depuis son revers.
Novembre avait donc sorti son artillerie ; guerredéclarée,guerre perdue. C’est ainsi qu’on le pense.La folie avait le visage d’un oncle, ce novembre serépéterait à jamais,les métaphores pourrissaient dans le matin sale.Je portais secours à d’autres famines, en vain, larage en écharpe,le temps flottant dans l’alcool.Bientôt, il y aurait du sang.Bientôt des assassinats.Le chat se cambrait sous le lit, tête si basse qu’il pleurait,nous avions perdu le passage vers décembre.Lui aussi avait perdu le jour. Lui, le jour. Moi, l’histoire.
Œuvre en couverture
Judith Bellavance
Prix
Finaliste au prix Alain-Grandbois de l’Académie des lettres du Québec