La fatigue et la cendre
Ce nouveau livre de Michel Leclerc poursuit la démarche entreprise avec Le Livre de l’échoppe tout en lui conférant une dimension nouvelle. Restant fidèle à l’exigence et à l’ambition qui caractérisaient les œuvres des dernières années, La Fatigue et la cendre porte un regard résolument moderne et original sur la condition existentielle. La connaissance et le doute sont le théâtre paradoxal de cette poésie profonde et toujours libre, à mi-hauteur du lyrisme et de l’aphorisme, comme autant de pierres lumineuses jetées dans la conscience fatiguée du monde. Le recueil se clôt sur deux suites, «Sans terre ni voix» et «Traces», où la poésie atteint des abîmes de gravité et de mélancolie qui donnent à l’appréhension du néant une humanité bouleversante, rarement atteinte dans la poésie québécoise. Rien d’abstrait pourtant ici, où s’impose simplement l’essentiel : la soif durable de vivre. La beauté tragique et lucide est la fortune de cette poésie qui n’emprunte qu’à elle-même l’insoumission de son chant. Voilà une œuvre au-dessus de tous les conformismes faciles et qui épouse avec enchantement, en fracassant le leurre des apparences, le vaste frémissement de l’expérience humaine.
Depuis la cendretu chantes et l’obscur est le nom que tu portes.La lumière s’est redresséederrière toi comme une herbeplus froide que le ciel.
Dans la cendre à venir,dans la cendre en fumée,un espoir dans lequelpuise le cœur et boitsa poussière, si haute,oui, si hautequ’elle enflamme les lèvres.