Kaléidoscope, ou les aléas du corps grave
Michel Beaulieu
la dernière foisla dernière fois sans savoirque c’était la dernièresans savoir que c’étaitce visage qui te reviendraittandis que seul tu vieillisqu’à l’abri du temps tuprotèges en effaçant ses ridesà volonté ses cheveux poivreet sel sa bouche qui te brûlaitla chair en escaladantses plis le doigt furetantaux alentours du clitoriset son superbe abandon
DANS LA PRESSE
«Les rails, les lignes, les fissures, les cicatrices, les fentes, autant de parcours où on ne trouve ni visage ni destination. Écriture au rétroviseur : tout entre puis sort, se fait et se défait. Paradoxal travail de désœuvrement de l'écriture évoquant puis révoquant les états du souvenirs; le passé non plus examiné comme matière mais comme “tables des matières”. L'existence s'offre de profil sur l'écran des mots.»Jacques Paquin, Estuaire, 1985
« [Dans Kaléidoscope] La plupart du temps, le poète se parle à lui-même et cette substitution du tu au je, tout en favorisant la narration anecdotique, crée une mise à distance du sujet. Le moi devient ainsi le héros d'un énoncé où triomphent l'égalité métrique, la continuité, lesquelles dissolvent les aspérités du vécu et imposent l'idée d'une gravité des choses, qui pèsent vers la mort. Au bout du compte, très globalement, Kaléidoscope est une réussite, dans une veine qui se situe loin du formalisme comme de l'expressionnisme et qu'on pourrait appeler le référentialisme. »
André Brochu, Voix et Images, vol. 10, n° 3, 1985
PRIX ET DISTINCTIONS
Grand prix de poésie Gatien-LapointeFinaliste au Prix du Gouverneur général