Je parle arme blanche
Jonathan Charette
Voici un premier livre aiguisé sur les pierres comme celles que les anciens forçats fracassaient avec leurs membres. La liberté de parole du poète est absolue et elle s’oppose à la décadence du monde. Le livre se construit dans cette révolte métaphysique : mots comme pierres lancées à la face du monde. Ici, la parole veut libérer, dénouer les sangles qui enferment les êtres de leur condition de prisonniers. À cela, il faut ajouter le plain-chant d’une voix qui exacerbe les sens et se constitue en musique. Musique mordante pour des temps d’effondrement.
J’invente des crimes à la syntaxe inconnueverbalise avec un porte-voix de chairqui altère la structure interne d’un paradisau point où l’infarctus est son seul réconfortun déluge d’acouphènes coule des pavillonsquand je rudoie sauvagement les miragesavec un dialecte victime d’une arrestationun polygraphe évalue son timbre impétueuxl’interrogatoire falsifie ma biométriedepuis mon abandon de tous les préceptesil n’y a que des poèmes dans mon dossier criminel
Artiste
Jonathan Charette