Histoire du vent
Un jour, il y a plus de quatre décennies de cela, un étudiant à qui je tentais désespérément d’enseigner à peu près les raisons de la poésie, du moins quelques paramètres de la chose, me dit, comme ça, sans scrupule ni heureusement aucune culpabilité : « La poésie, pour moi, ce n’est que du vent…» L’idée n’était pas si fausse, non plus que sa formulation, sans aucune agressivité d’ailleurs.
Depuis plus de quatre décennies, aussi, je ne cesse d’imaginer cette histoire du vent qu’est, à sa façon toute particulière, la poésie. Aussi bien ce qui échappe, que ce qui décoiffe et recommence le monde… sans que nous y soyons toujours convié. J’ai amorcé cette quête du vent, sans jamais vraiment m’en désoler non plus que sans m’en réjouir. Chaque matin, à l’aube le vent et chaque matin, à l’aube, les mots qui peut-être conviendraient à cette incessante histoire du vent.
l’histoire du venten ce journal incertainest d’une beauté imprévisiblel’incarnation d’une tristesse infinieen ce 35 du moisun homme oublie son corpset devant cet arbrechaque matinen cette nouvelle clandestinitésa détresse est un art pauvreet ancien
DANS LA PRESSE
Aujourd'hui, si rien n'est catégorique avec le langage, on comprend que c'est précisément ce qui plaît à de Bellefeuille dans la poésie: l'ambiguïté, l'hésitation et l'indétermination de cette « mélodie imprécise » du vent de la parole poétique. - Monique Deland dans Estuaire (septembre 2020)Le livre fait penser à la longue prière d’un corps/cœur lourd qui a beaucoup vécu et créé, mais qui reste, au bout du chemin, un souriant « voyou » que le vent continuera de porter plus loin. - Mario Cloutier dans La Presse (mars 2020)
Sans imposer de cadre à sa réflexion, il lui importait de rompre avec l’idée désuète de l’inspiration, où le poète se fait messager de mots soufflés par une Muse perchée sur l’Olympe : «La poésie, c’est d’abord de la matière. C’est des mots, de la musique. Rien à voir avec la transcendance. L’inspiration, je crois pas à ça. Je crois au travail. Ce quelque chose qui me vient, tout à coup, ça vient de l’intérieur.» - Yannick Marcoux dans Le Devoir (février 2020)