Hères

Ils sont sur les mers. Ils sont sur les routes. Ils sont en nous, mais hors de tout. Ce sont des devenants. Des sous-vivants, des sur-vivants. Ils migrent d’État en État dans le flux du temps, dans le monde fuyant, dans les no man’s land où l’on ne vit plus qu’en dérivant… en dévivant.

Je leur fais de la place dans la parole comme ils s’en font dans le cri, les pleurs, les silences de mort. Je libère de l’espace pour que le dernier souffle de notre humanité s’exprime dans le sens de l’air, où l’on va et vient puis se pose, repose, sans terre à soi mais aux quatre vents, qui nous emportent d’être en être, de mue en mue, dans les grandes marées de l’espoir sans bornes.

Le poème ? La bouée à la mer que tout homme attend pour gagner le large où son rêve le mène.

je te prends dans

mes bras      te prends dans

ma tête      sur la plage des

pensées      la poitrine du

salut      je te berce dans

les sables      je te berce dans

les larmes      mon chant est ton

berceau      sur la mer ton

tombeau