Géographie des lointains
Troisième recueil de l’auteur, Géographie des lointains poursuit, dans une langue simple, aérienne, déliée, une aventure où le poème rassemble la mémoire, le temps et la vie. Dans ce livre, particulièrement, le poème travaille à ré-enchanter le paysage. Le recueil s’ordonne autour de l’œil et du regard, de la capacité d’interroger le mouvement qui se dessine à l’horizon. Les quatre sections incarnent le déploiement du regard. D’abord hésitant sur le seuil, le sujet qui regarde s’élancera dans les rues, traversera la nuit, pour finalement arriver sur le bord de la mer, lieu symbolique des origines. Les rapports entre le paysage, la peinture et soi sont prétextes à l’exploration poétique des lieux qui parlent pour l’observateur sachant regarder par-delà le visible. Tout s’élabore simplement à partir d’une chambre, d’une fenêtre, d’une ouverture qui crée en tout cas une occasion, une possibilité d’être au plus près du lointain. Et ce trajet traduit singulièrement une ouverture d’estuaire autant physique que spirituelle. Le paysage éclaire l’être d’une lumière envoûtante et nouvelle.
La porteLe temps est instable; la porte de la maisonne cesse de s’entrouvrir pour laisser voirle théâtre lointain des collinesoù passe et repasse un banc fuyant de nuages.Tout le jour, il faudra descendrepour aller la refermer, revenir sur ses pas,freiner par des travaux patients et discretsles heures giratoires, les envies de partirailleurs. À la hauteur des vitres,la ville étale ses avenues,mais c’est ici qu’il faut vivre, dans ce réduitde lumière, avec ses paumes, sa bonté.N’ajoute rien, en ce moment précisla porte est close, la tache de sang très clairque le soleil projette contre la tableest ton seul augure, cela suffit.
Œuvre en couverture
Gernot Nebel, Sainte-Luce-sur-Mer
Prix
Finaliste au Prix du Gouverneur général