Frapper l’image

Voilà qu’en ouvrant ce livre, je souris. L’artiste s’amuse, entre langue et image, entre mots et vie, liberté et contrainte, à re-constituer un parcours. Il nous invite à le suivre en toute liberté, avec le même amusement. Sinon, livre-échappée. La réflexion est joyeuse et compromettante, ludique, spirituelle, autobiographique ; elle est surtout manifeste d’une réflexion de fond sur l’art et sa réception. Voici encore qu’une image frappée est cachée dans le livre. Je pense volontiers Lacan ou encore Mallarmé. L’image, c’est du Boisseau frappé. Toutes ces lignes de plomb, uniques à chaque exemplaire de ce tirage, ont été frappées, je ne saurais dire généreusement ou rageusement. Cependant, l’on sent bien que l’artiste est habité par la rage de l’expression, qui est aussi, sans doute, une rage de vivre.

Je vous propose donc ici un jeu dont la règle est simple. Elle sera comme un petit pacte entre nous. Voici. J’écris tout ce que je peux parvenir à écrire et vous pensez tout ce que vous pouvez parvenir à penser. Je ne ferai pas de cas de ce que vous allez parvenir à penser (comment pourrais-je?) et vous ne ferez pas de cas de ce que je vais parvenir à écrire. De mon côté, je m’engage à faire tourbillonner des énoncés, sans me demander si je délire ou pas. Ce sera comme une autofiction théorico-biographique. S’il y a de la signification qui se pointe, nous en serons les témoins et les tombeaux. Ce petit jeu sera sans risque puisque ni vous ni moi n’aurons à nous en expliquer. Nous garderons notre contenance et notre silence. C’est simple. C’est exigeant.

Premier frappeur
Martin Boisseau

Chaque exemplaire est accompagné d’une œuvre originale de l’auteur artiste.