Des mots au bord de la nuit
Poète rare et discret, Michel Leclerc est l’auteur de l’une des œuvres les plus fortes et originales de la scène poétique québécoise de la fin du 20e siècle. Cette rétrospective en illustre à la fois la diversité et la profondeur, tout comme l’ambition sans concession qui la porte. Tour à tour poésie de l’espérance blessée (la trilogie Comme l’espérance est lasse d’espérer), de la réflexion littéraire (Écrire ou la Disparition, dont le critique Jean Royer a écrit qu’il était un ouvrage phare des années 1980), de l’amour sans issue et tourmenté (en 2007, à Paris, le Printemps des poètes désignait les Poèmes de l’infime amour comme l’un des classiques de la littérature mondiale sur le thème de l’amour, aux côtés des œuvres de Neruda, d’Aragon, de Marina Tsvetaieva, de René Char ou d’Eluard) et, enfin, poésie du fragment (Le Livre de l’échoppe) conçue comme une quête de l’interrogation qui éclaire.
Cette rétrospective contient les titres La traversée du réel, précédé de Dorénavant la poésie (1977), Écrire ou la Disparition (1982), Poème de l’infime amour (1997), la trilogie Tellement l’espérance est lasse d’espérer, dont font partie Comme venu des lointains, suivi de L’instant donné (2002), Si nos âmes agonisent (2003) et Le livre de l’échoppe (2004), La fatigue et la cendre (2007) et une suite inédite: «Des cendres en dehors du monde».
Au-dessus des montagnes et des prodigesAu-dessus des fontaines d’oubliAu-dessus des merveilles qui prennent feu sur ta chairAu-dessus des déluges qui se taisentJe reconnais ton visage à n’en plus finirqui ouvre la serrure de ma naissanceTon visage comme une affiche inclinéeSur le monde par ma mainÔ silence plus dense que ta pupille à l’infini
Artiste
Francine Simonin
DANS LA PRESSE
«Une hauteur, une aspiration presque mystique (…), mais aussi une exigence de la langue qui tend toujours vers une perfection formelle. C’est tout à l’honneur du Noroît de permettre à la génération actuelle de renouer ave cette oeuvre qui porte haut le sens des mots comme du texte poétique. C’est une leçon de style qu’on y prend, en rêvant tout à la fois de Mallarmé, de St-John Perse et de Rina Lasnier.»Hugues Corriveau, Le Devoir, 1er et 2 avril 2017