Des longueurs dans le crépuscule
Mathieu Simoneau
Troisième volet d’une même quête poétique, après Il fait un temps de bête bridée et Par la peau des couleuvres, Des longueurs dans le crépuscule poursuit le motif de l’animal traqué. Cette fois la cible : le Soleil. Astre insaisissable, à la fois espéré et redouté, il traîne dans son sillage la mémoire et le destin de la lumière. De l’ascension au déclin, le poète marche en ses traces, le poursuit jusque dans les derniers retranchements de l’hiver pour y discuter l’avenir buté des semences et l’étalement des ombres qui se font de plus en plus longues. Dans ce chassé-croisé du clair-obscur, c’est le début de quelque chose ou bien la fin, cela dépend du sens du regard.
celui qui s’incline
qu’il se relève
de son astre
et prenne le nom d’un lac
j’entends dans mes gènes
des brassages de fougères
des grincements d’os
glissent innocemment
dans les joints
qui scellent
nos atomes résignés
par capillarité
mes tissus
se soulèvent :
le temps n’est rien
c’est la lumière qui bouge