Dépositions

Dépositions ne désigne pas seulement un acte d’écriture et de parole : un témoignage, une déclaration sous la foi d’un serment. Ni non plus une simple déchéance ou une destitution. C’est aussi le lieu d’un authentique repos, d’un ultime dépôt où le corps tout entier gît au pied de sa propre vie, sur laquelle ses derniers mots auront fait une croix. De « Quelqu’un » à « Buées » en passant par « Dieu de rue », puis d’ «Achoppements » à « Pagaïes » en passant par « Arènes », voilà une théorie de poèmes qui nous accompagne dans cette espèce de long calvaire qu’incarne l’histoire humaine à son sommet, sur son tas de cendre, dont le cœur secret, l’âme souterraine, est ce rituel ressuscité de la scapulomancie, « Us, As, Os », où nous lisons dans le dos du monde, dans l’ossature de sa mémoire, sur l’épaule nue de ses désirs inavoués les temps présents aussi énigmatiques que notre avenir embué… comme sont les miroirs sous le souffle haletant des survivants dont ils captent pour un bref instant les tout derniers reflets.

question : d’où viennent les heures

sur les horloges à eau, à sable, à trous, l’arc

de cercle où l’ombre tourne

sur elle-même sans fin, quand je regarde

dans la direction où vont

toutes les questions sans exception ?

métier ? consolateur de bêtes féroces.

Il dit : j’écris comme on enterre un os