De ma main brûlée

Le fil de ce recueil repose sur trois temps : depuis une histoire d’amour indigente en Russie, à l’accouchement vécu comme un morcellement à Montréal, il se termine par un banquet à l’image du satori. Mais de façon plus substantielle, le travail poétique repose ici sur l’exploration des géographies intérieures, modifiées et reconstruites au gré des expériences du voyage et de la maternité.

De ma main brûlée trace ainsi le cheminement d’un corps, à travers la riche trame de la sensation et de la mémoire, mais aussi à travers l’expérience de l’abandon et du dépouillement, jusqu’à l’avènement d’un satori, résonnant de pure présence. 

J’entends les moteurs coupés qui dévalent les pentes. Les pluies nous ont rincés. Je vous suis, presque nue. Nos couches lumineuses subjuguées brusquement. Le jour semble nous boire lentement à sa gourde. Nous voyons s’éloigner les grues aux têtes molles. Le limon est fertile, fertile sa source et sa misère.

Le gong a retenti, dans le vertige, plein de race. Au loin, c’est le sommet. Nous distinguons l’Observatoire. Un Bouddha d’or s’y couche jusqu’au ponant. Sa grande main ouverte est ionienne. Traversée de tendresse, mais vide.

Artiste
Cobel Pel