Comme venu des lointains
Qui parle? D’où vient la parole et à qui s’adresse-t-elle? Le monde perçu comme un murmure lointain est-il le réel ou un avatar du vrai? Ne percevons-nous du monde que son écho et sa vision amoindris? Et si la réalité, comme la poésie, ce frémissement tragique et bref, n’était après tout que la «déformation cohérente» (André Malraux) d’un monde qui ne peut s’imaginer hors de soi. Comme venu des lointains explore les limites de l’identité, telles qu’elles se forgent dans le dialogue avec l’humanité et dans la relation avec la nature. Raison, désir, amour forment les trois piliers de cet itinéraire poétique où les mots de la raison revêtent aussi les oripeaux d’une fragile lucidité. Penser l’Autre comme s’il était soi, sans limite; désirer le monde, en effleurer l’étrangeté légère dans l’espérance et la désolation du quotidien, de l’universel et de l’intime; aimer pour ravir à la mort une parcelle de sens. Poésie du doute et de l’incertitude, mais aussi d’une espérance toujours vive d’un autre visage pareil au sien.
Chacun de ses motsréunit les fontaines et les pierreset par son seul visagele monde reçoit de l’ombresa lumière d’eau lente et pâlecomme d’un sablier son chant