Chant des créatures
Avec une oeuvre de Pamela D. Stewart en couverture
Le 4 août 2020, une explosion inouïe dans le port de Beyrouth cause des milliers de morts et de blessé·es, détruisant toute matière vivante en un souffle. Comment se reconstruire à partir de ruines ? Que résiste-t-il dans les souterrains de la mort ? Dans Chant des créatures, la poète libano-québécoise Nadine Ltaif trouve réparation dans l’écoute de la nature et des êtres vivants qui se défendent sans voix. En hommage au poème « Cantique des créatures » de saint François d’Assise, le recueil s’adresse aux arbres et aux oiseaux comme des adelphes de l’humanité, créant un herbier où dialoguent les plantes du Liban avec les fleurs sauvages du Québec. En alternant entre le conte, le poème narratif et l’évanescence du haïku, la poète se défait peu à peu de sa peau humaine pour refaire ses racines et pour devenir simplement vivante parmi les créatures.
Ce jour-là, j’ai décidé de
me défaire de ma peau
pour devenir vivante sans nom
sans désignation d’espèce.
Et sans race.
Sans faculté de jugement moral –
pour retrouver le goût sauvage
du vent et le bruit
qu’il fait dans les arbres.